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lundi, mai 24, 2004

Bercé par l'Astrakan Café d'Anouar Brahem et de ses deux compagnons, je peux enfin regoûter aux plaisirs de la Nuit.

Seul, mi-assis mi-couché, les pieds encore couverts, bien à plat sur le lit... La musique monte envoutante, le monde disparaît, reste la Nuit et moi, seuls accompagnés par une faible lueur qui me maintient éveillé. Non, ce qui me maintient éveillé, c'est la nuit elle-même. La lumière permet juste de remplir cette délicieuse insomnie.

You and the Night and the Music soufflait Chet Baker dans sa trompette.

"Die Nacht
Die Musik
Und der Mund",
chantonnait la baronne Lydia sous la plume de Modiano (La Ronde de Nuit).

Mais à ces deux là manquaient encore l'espère d'euphorie légère de cette Nuit. Les accords de l'oud d'Anouar évoquent une légère danse. Pas de moi, non, jamais, mais d'une elle, quelconque et universelle. Moi je suis juste assis dans ce café, sur une chaise en fer travaillé. Sur la lourde table en pierre, une tasse de thé brulant diffuse sa rassurante vapeur. Je n'y touche pas. Pas encore.

A mon côté, sur le tabouret qui me tient lieu de table de nuit, le chaos habituel. La chaos naturellement associé et indispensable à la pleine jouissance de la Nuit. Surnageant dans ce chaos, un livre, explosé en deux ou trois, à la couverture écornée, déchirée... En un combat douteux, de Steinbeck. Allez savoir pourquoi, ça ne me choque pas. Son épaisseur suggère la chute à l'eau et le repêchage tardif. Pas de baignoire en cet appartement, pourtant.

Allez savoir pourquoi, ça ne me choque pas. Ca me réconforte presque. Les livres de Steinbeck doivent être écornés, déchirés, abîmés. C'est ainsi qu'ils prennent tout leur sens. Un exemplaire neuf d'un livre de Steinbeck n'aura jamais aucune valeur littéraire. Steinbeck. Un des auteurs dont je peux relire les livres immédiatement après les avoir terminé. Puissants Raisins de la colère, troublant Des Souris et des Hommes, bizarres Rue de la Sardine et Tendre Jeudi.

Le vent se lève. Par la porte, simple trou dans le mur, on peut voir le sable soulevé qui coure à quelques centimètres du sol. Un vieux n'en finit pas de verser son thé.

La Nuit nécessite un espace résolument clos et relativement restreint. Aux murs les plus nus possibles. Chambre d'appartement. Chambre d'internat. Chambre d'étudiant. Et chambre d'appartement. Avoir les murs proches de soi, mais le plafond lointain, intouchable. Nécessité d'être dans un vieux bâtiment, donc. Et chaos. Dispersion. Papiers jonchant le sol, linge empilé, bureau dévasté, étagère champ de bataille.

Steinbeck, tellement sacré qu'il résiste à ma fringale de lecture. Aujourd'hui ? Vue l'heure, hier plutôt. "Soeur Marthe, hier j'ai fait gras..."

Au menu de la journée passée, donc : magnifique Nerval, digeste Pennac, fin Machiavel, curieux Molière, désolant Musset, dérangeant Modiano, fabuleux Gibran, le tout enrobé de sauce Brahem, servi dans cet entêtant Astrakan Café, pas si loin de Bagdad, peut être... I'm calling you...

Trop mangé décidemment, et trop prêt à profiter sereinement de cette Nuit pour m'attaquer un solide Steinbeck. Et Wilde ! Comment ais-je pu oublier Oscar Wilde ? Délicieux aphorismes en dessert, vous féliciterez le chef de ma part.

Toutes les Critiques de Kant, les Méthodes de Descartes, les Essais des uns et des autres, toutes ces oeuvres mises ensemble, aussi puissantes soient elles, n'arriveront jamais à la cheville du joueur de oud entendu au coeur de la Nuit, en période d'ascétisme... Sans doute le manque de nourriture terrestre me rend à moitié fou, fiévreux tel un criminel moscovite attendant son châtiment, mais qu'importe ? Le prix est bien faible à payer pour toucher le divin de si près, pour constater par soi-même que "quand je contemple le Néant, le Néant me contemple"...



lundi, mai 10, 2004

Si mon ordi refusait de démarrer, c'est tout simplement que la carte mère était morte. La bonne période. Du coup c'est parti pour changer de carte mère. Impossible de trouver un truc vieux comme ça (ABIT BE 6, 5 ports PCI, ram en SDRAM, 2 ports USB, etc) d'occase. Du coup on change de processeur (Au revoir le Céléron, bonjour le Barton). Et on change d'alim (300W ça ira), à cause de ce "*ùm"^de régulateur de tension. Et pis on change de RAM aussi (zou, 256), il parait que SDRAM c'est plus à la mode.

Et vlan, 240 euros.

Du coup, toujours dans un cybercafé... entrecoupé de longs silences (et oui, pas de musique ici).

En attendant de pouvoir remettre le bloG à jour, j'ai ressorti mon bloC papier, et je gratte...

En espérant que tout se relance d'ici moins de deux semaines, restez groupés !



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