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mercredi, juillet 14, 2004

(Rufus Wainwright / Complainte de la Butte, de Jean Renoir)

On en apprend tous les soirs. Après avoir passé la majeure partie de 19 premières années de ma vie sur la Côte d'Azur où les feux d'artifices sont légions en été, je ne me suis rendu compte que ce soir quelle étaitl a façon correcte de profiter du spectacle. Je tiens à préciser qu'il ne s'agissait pas d'un banal feux d'artifice de 14 juillet, mais de l'ouverture du festival d'art pyrotechnique de chez moi, effectué par une équipe espagnole.



lundi, juillet 12, 2004

(Philip Glass / Islands, puis Facades parce que c'est qualité)

Je ne sais pas si j'en ai déjà parlé ici, mais il ya un truc qui me trotte sévère. Voici le problème : je suis un moraliste, dans le sens où j'estime qu'il y a un Bien, ou tout du moins un Bon, et que l'Amour et les petites fleurs c'est sympa. Dans le sens où j'estime que quand on reflechit à ce qu'on fait, c'est quand même mieux que quand on met son cerveau sur off. Jusque là pas de problème.

Mais de l'autre côté, mon côté anti-rationaliste, mythique, mais également vivant, matériel, corporel, me rappelle sans cesse que la reflexion sans l'action, c'est stérile voire mortifère. Une reflexion devrait avoir pour but d'essayer de tirer un conclusion (on a dit essayer, hein), cette conclusion devant nous aider à savoir comment se comporter "justement", correctement, de façon pertinente, plutôt qu'en gros crétin qui n'en a rien à faire du reste du monde et du sens de la vie. Si on transpose ça dans des termes universitaires philosophiques mais simples, ça en revient à dire que toute philosophie devrait avoir une vocation éthique. Rassurez vous, ça ne rentre pas en contradiction avec ce qui a été dit avant, je vais en finir par arriver à mon problème mais ça ne va pas être pour tout de suite.

L'éthique, donc. Ethos, le comportement, Ethologie, l'étude du comportement, Ethique, étude des règles du comportement. Ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire, comment, pourquoi. Bon. Là les difficulté vont commencer.

La pensée éthique doit avoir prise sur le monde réel, le quotidien, elle doit s'en tenir informée pour intégrer les nouvelles données et continuer à être correcte. Dans notre monde moderne, on commence à y refléchir sérieusement depuis, disons, les années 70. Aujourd'hui ça explose, les politiques et les industriels ne parlent que de ça, l'éthique, la bio-éthique, la politologie, l'environnement, le développement durable, etc. Très bien. On va zapper toute la partie triviale, révoltée, lycéenne et inutile qui dit que de toute façon ce n'est qu'hypocrisie pour avoir l'air vertueux aux yeux de la masse. Et une fois ça mis de côté, à première vue on ne peut que se réjouir de cet engouement (Le Mystère des Voix Bulgares / Erghen Diadou).

Et je me suis personnellement engagé dans cette voie. Croyant, naïvement peut être, que s'il existait des bonnes volontés prêtes à lutter contre les conséquences de la pensée hyper-rationaliste moderne, il fallait s'y joindre pour enfin changer de manière radicale le mode de pensée majoritaire. Hum, en relisant cette phrase ça peut avoir l'air un peu faf cette volonté de changer la pensée des gens. Mais en fait ce qui compte surtout ce n'est pas de forcer les gens à penser autrement, c'est de leur donner les moyens de réflechir seuls pour en arriver à leurs propres conclusions -que dans mon orgueil et ma foi je ne peux imaginer être différentes des miennes (Red Hot Chili Pepper / Scart Issue). Bref.

J'y ai longtemps cru à mort. Je me suis longtemps réjoui de voir les gens se poser enfin des questions sur d'une part les implications de leurs actes en aval, mais également sur ce que ces actes sous entendaient comme idéologie ("de merde"... l'expérience prouve qu'une idéologie est toujours une "idéologie de merde") en amont. J'ai longtemps cru que "les gens" allaient enfin faire l'effort de tenter de sortir de l'ère moderne pour rentrer dans quelque chose d'un peu plus reflechi, responsable, etc. La philosophie, l'économie, la sociologie donnaient les clés pour se rendre compte qu'on allait droit dans le mur, et l'éthique donnait les moyens de dépasser la pensée moderne, coupable dans son fondement même et jusqu'à sa pratique.

Malheureusement, je suis en train de me rendre compte que l'objectif de l'homme n'est pas la vie, mais la survie. Il m'en aura fallu du temps, diront certains. Mais comme toujours, c'est différent de le savoir et de s'en rendre compte (Ry Cooder / She's leaving the bank). Et à cause de cela, une fois qu'on s'est rendu compte que l'humanité s'approchait dangereusement du néant, ceux qui se sont intéressés à l'éthique ne l'ont pas fait pour "la bonne raison". On est arrivé à l'éthique par nécessité, pour survivre, parce qu'on a pris conscience que continuer sans réflechir c'était mourir. Bon, c'est déjà pas mal. Mais il aurait été préférable que ce soit à l'issue d'une décision volontaire, reflechie et responsable, et non suite à une angoisse incontrôlée. Mais bon, pour se répéter, c'est mieux que rien du tout.

Le truc, c'est que désormais, les politiques et les industriels, et même la grande majorité des intellectuels, dont je me réjouissais de la prise de conscience, n'ont pas pour projet de se servir de l'éthique pour sortir, avec le moins de dégâts possible, de la pensée moderne, mais au contraire, le but c'est d'essayer de survivre avec cette pensée moderne.

(Morcheeba / Who can you trust) Ainsi, on ne se penche pas sur les problèmes du nucléaire, de la génétique ou plus prosaïquement du racisme en se demandant comment faire évoluer définitivement les choses, mais on se demande comment on pourrait continuer à utiliser nos pouvoirs extrêmes sans s'en prendre trop dans la tête. On ne cherche pas à être plus sage avant d'utiliser ces outils, on tatônne jusqu'à définir une limite incertaine d'utilisation de ces outils, quand bien même il est trop tôt (et donc également une fois qu'on s'y engagé, trop tard) pour nous.

On ne s'est pas tourné vers l'éthique pour sortir de la modernité, on se sert de l'éthique pour faire durer la modernité. Et du coup, la corruption de cet instrument me laisse désemparé et en colère. L'éthique dans son sens permier existe toujours, dans un dictionnaire... dans les faits, elle a perdu sa substance, et les innombrables "colloques sur l'éthique", "journées de l'éthique", ou encore "mois du développement durable" ne sont que des stratégies médiocres de survie, qui ne règlent pas le problème à sa racine (ni même aux branches d'ailleurs).

Je me répète, j'écris mal, je suis confus, mais tant pis. J'aurai du mal à faire mieux pour l'instant. (Deftones / Teenager) Le problème dont je parlais en haut c'est celui-ci : une fois l'éthique récupérée, la morale discréditée, et la philosophie oubliée, quel outil nous reste-t-il pour lutter ? Oui, il reste toujours la solution de mener sa propre vie "comme il faut", et espérer que tout le monde en arrive à faire ainsi. Mais pour se remettre en question, c'est pas encore le top...



jeudi, juillet 08, 2004

(FF8 / The Landing)

Je me sens mal, inexplicablement. En fait, si ça s'explique très bien. Alors pour la suite un petit avertissement :

Si vous avez suivi avec passion Les formidables aventures de Lapinot de Lewis Trondheim, et que vous n'avez pas encore lu le dernier tome (La vie comme elle vient), ne lisez pas la suite de ce post.

Si vous l'avez lu, ou si vous ne connaissez pas Lapinot libre à vous de continuer cette lecture.

C'est bon ? Ceux qui devaient partir l'ont fait ? Je peux parler ?

Lapinot est mort. Décédé. Zigouillé. Fini. Out. Ecrasé par un taxi. Ca me déprime complètement et plus grave, ça me laisse dans l'incompréhension.

Premier point : pourquoi ça me déprime ? Nous parlons là d'un héros fictif, je ne devrais pas être autant touché. Les héros meurent par paquet dans Le Trône de Fer par exemple, ou dans bien d 'autres romans, et je n'ai jamais été autant déboussolé. C'est comme si un ami m'était vraiment enlevé (Radiohead / True Love Waits).

Deuxième question : pourquoi Lewis a-t-il décidé de flinguer ainsi son personnage ? A-t-il décidé de mettre fin à la série ? OK, mais il y a des moyens moins brutaux de s'y prendre. L'album n'est qu'une longue succession de malheurs (Richard dans le coma, Titi avec une tumeur, j'en passe et des moins roses), sans une seule once d'humour qui est la marque de fabrique de Trondheim, cet humour si fin, décalé et en même temps toujours adapté, mordant, toujours à rappeler quelques bonnes vérités essentielles sans jamais tomber dans le dogmatisme.

Tentative de réponse numéro 1 : Trondheim fait une expérience en tant qu'auteur. C'est tout à fait plausible. Il a fait partie de de l'OuBaPo (c'est peut être toujours le cas d'ailleurs) (Morcheeba / The Sea), et Lapinot est le lieu où il a essayé plein de choses, plein de styles différents, la tranche de vie, le western, le roman feuilleton, le fantastique, le thriller, l'hommage, etc. alors pourquoi pas une expérience : la BD où il tue son héros.

Tentative de réponse numéro 2 : un numéro sur deux des aventures de Lapinot se situe dans un contexte différent, dans un univers à part. Peut-être Trondheim prépare-t-il un album se situant dans l'au-delà ? Ou dans lequel Lapinot reviendrait de l'au-delà ? Allez savoir, avec cet énergumène....

Question numéro 3 : où est Pierrot ? La bande originale est composée de Lapinot (le gars tranquille), Richard (le débile grande gueule), Titi (Le publicitaire play boy) et de Pierrot (le philosophe moralisateur). Auxquels s'ajoutent Félix et Patrick (les éternels adolescents, testeurs de jeux vidéos), Nadia, le frère de cette dernière, etc., bref des seconds rôles. Dans ce tome ci, pas une seule apparition de Pierrot. Et au contraire multiplication des personnages secondaires, inconnus jusqu'alors. Cette constation irait dans le sens : nous sommes tous autant des héros, dans la vie pas de second rôle et pas de héros immortel... (Miossec / Merci pour la joie)

Bref trop de questions, pas assez de réponse... et le site de Lewis T. est en travaux... la bonne blague, pas moyen de lui demander des explications.

Dans tous les cas, Lewis, t'avais pas le droit de flinguer Lapinot comme ça. Toi, tu crois que t'as le droit, parce que c'est toi qui l'a créé, c'est toi qui l'a fait vivre, alors tu te dis que c'est toi qui a le droit de le tuer. OK, c'est original, Tintin ne meure pas, Spirou non plus, pas plus que Blueberry, Thorgal, XIII, Asterix ou les autres. Mais il y a une bonne raison à ça : ils ne peuvent pas mourir.

Une fois livrés au public, ces personnages n'appartiennent plus à leur créateur. En le tuant, c'est à nous que tu fais du mal. L'identification aux personnages est trop aisée, on souffre trop avec eux, avec la rage de Félix, le désespoir de Richard... ça fait trop mal. J'espère sincèrement avoir une explication avec toi Lewis, parce que là, j'ai mal. On peut dire que tu as réussi ton coup. On peut dire que tu es un véritable artiste. Bien joué. Enfoiré.

(Queen / Who wants to live forever)



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