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mercredi, février 25, 2004

(Alex / Le Turbo Personnel, sur l'album mythique Art of France... si vous arrivez à mettre la main dessus, n'hésitez pas !)

Le froid est tout ce qui reste quand le reste est parti. Ne reste-t-il vraiment rien ? Je refuse d'en parler. Quand j'étais encore au pays du soleil, il y a bien longtemps, dans une galaxie très, très lointaine, j'ai eu la chance d'aller en classe prépa (littéraire, bien sûr, ce qu'on appelle hypokhâgnes et khâgnes). En ces lieux la vie s'est ouverte à moi. Pas parce que j'apprenais des choses : non, je n'ai rien appris, si ce n'est l'étendue de mon ignorance... mais il paraît que c'est déjà un début. Mais parce qu'enfin j'ai rencontré des gens... consistant. Bien sûr, j'ai des amis avec qui j'ai vécu mille et un évènements marquants, que j'espère avoir toujours à mes côtés, comme aujourd'hui, et que j'espère toujours pouvoir soutenir. Mais dans ce cadre, j'ai rencontré des gens intéressés et intéressants. Des gens avec qui on peut discuter sans tomber dans des considérations de comptoir ou sans arriver à une conclusion aporétique. Des gens qui ont rejoint, bien sûr, les rangs de mes amis, à ma plus grande joie.

En ce temps, j'ai également eu la chance de rencontrer une prof' sans égale, je crois. Elle nous enjoignait à profiter de nos années de prépa, car elle s'était rendue compte de l'effet exaltant que cette agitation constante des neurones pouvait avoir pour nous. Car elle s'était rendue compte (Pink Floyd / The Wall) que c'était le lieu où beaucoup d'élèves préformatés par l'enseignement secondaire remettaient leur vie et le monde en question. C'est triste d'un côté de penser qu'il leur a fallu cela pour remettre le monde en question, mais c'est mieux que jamais après tout. Cette prof' nous avait confié qu'une de ses élèves lui avait dit un jour qu'en prépa, elle avait eu l'impression de sortir la tête d'un bocal et d'enfin regarder le monde. Je n'ai pas eu, pour ma part, cette impression. Mais à voir les gamins qui m'entouraient durant les premières semaines d'hypo, je comprend que certains aient eu ce sentiment.

Porquoi évoquer cela ? Parce qu'aujourd'hui, j'ai foncièrement l'impression inverse. Depuis deux ans, j'ai cessé de regarder le monde et j'ai mis la tête dans un bocal. Cela a eu des effets bénéfiques, bien sûr. J'ai pu me mettre moi même à jour. En cessant de regarder le monde, j'ai pu admirer tout ce qui n'en faisait plus partie, et qui aurait du y rester. Et comprendre pourquoi certaines choses ont été rejetées à raison. Je suis devenue fondamentalement anachronique, je crois (The Divine Comedy / Bad Ambassador). Je ne sais pas, je dis bien : je crois. Les problèmes de la plupart de ceux qui m'entourent me semblent vides, vains. Et, par extension, les miens aussi. Progressivement, tout perd son importance. Lors du 11 septembre (inutile de préciser l'année, tout le monde comprend duquel il s'agit) mon frère m'avait déjà taxé d'être "le plus froid des monstres froids" en constatant ma réaction. Le fourbe reprenait Nietzsche parlant d'Hegel, car il n'ignorait pas mon aversion pour l'état hegelien. Le problème n'était pas que je n'avais pas de réaction, cependant. Mais pas la réaction adéquate, et pas non plus une réaction choquante. Ni horrifié, ni sautant de joie. Simplement critique et relativiste (Massive Attack / Five Man Army). Enervé, disons.

Relativiste. Moi qui suis le premier à défendre un absolu nécessaire. Une contradiction de plus... En commençant ce post j'ai clairement écrit "je refuse d'en parler" en parlant du froid qui envahit mon monde. Un Blog n'est pas un journal. Ce Blog reste pour moi une expérience. Peut être une façon de m'enfoncer la tête encore plus profondément dans le bocal. Je ne tiens pas à exprimer mes sentiments. Je ne tiens pas tenir une tribune publique pour véhiculer mes idées. J'ai lu cette phrase pour définir le blog : your brain on the web. Alors ce blog ne doit être que cela, le reflet de mon cerveau, avec les courants de pensée tels qu'ils se déroulent sous mon crâne. Qui n'est pas qu'une succession de pulsions électriques. Qui ne produit pas que le fruit de mon éducation ou de ma non-éducation.

Je reprendrais plus tard.



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