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jeudi, février 26, 2004

(Daft Punk / Something about us)

Untel disait l'autre jour que les blogs que l'on venait lire étaient les blogs de dépressifs. que les blogs de gens dont la vie était faite de bonheur n'intéressaient personne. Et par là de dénoncer la facette de voyeur se délecant du malheur des autres, présente en chacun de nous.

Une telle disait l'autre jour que tenir un blog a quelque chose de pervers. Que l'on présente au monde et à des inconnus ce qu'on cacherait à nos proches.

Bof, bof. Je ne suis d'accord avec aucun d'entre eux. D'abord, il ne va pas être facile de trouver un blog qui ne parle que de bonheur ; c'est pas tellement que tous les bloggeurs sont des dépressifs, mais c'est surtout que l'écriture permet de se débarrasser de ce qui gêne, et qu'on a pas envie de se débarrasser des instants de bonheur. A la limite, on peut avoir envie de les faire partager. Le bloggeur qui ne parle que de bonheur a à mon avis un réel problème psychologique, ce qui n'est pas le cas du lamda. (Kenji Kawai / Réincarnation) Ensuite, le simple fait de le mettre sur le web exclut la seconde hypothèse. Ce qui serait pervers c'est de prétendre ne pas vouloir être lu, comme un journal (c'est pour cela qu'un blog n'est PAS un journal). Et encore, combien de personne tenant un journal n'espère pas être lu, pour être enfin comprise, et tout le blabla psycho truc qui va avec ? Et ce sans la moindre once de perversité. Juste, peut être, de la timidité un peu trop poussée.

Et pourquoi cet esprit "que l'on cacherait à nos proches" ? Un blog d'adolescent, ok, pourquoi pas, ça peut être un moyen de passer ses complexes, de résoudre sa crise et de s'émanciper, mais là encore, le but de l'écrivain, c'est d'être lu, même en sachant que les conséquences pourraient être néfastes. Je ne crois pas écrire ici quoi que ce soit que je cacherai à mes proches. Et à lire les plus intéressants des blogs que je fréquente, je ne suis pas le seul. J'ai peut être tort, mais je me plait à considérer cet outil comme une feuille blanche infinie, pouvant être sans cesse noircie, sans jamais se poser les questions de l'encre ou de la place restante. Un endroit où je me trouve seul (Simple Minds / Belfast Child) face à moi même, face à mes pensées. Je n'ai pas attendu le blog pour cela, les blocs ont longtemps tenu ce rôle pour moi. Mais ils ont un nombre de pages limités, eux.

Pourtant les blogs les plus anciens, les plus "fréquentés" ont clairement perdu leur caractère de solitude. A droite à gauche on peut voir les systèmes de commentaires se transformer en forum. On peut voir les blogs se répondre les uns les autres. N'y a-t-il pas là un dévoiement du but originel ? Je me pose ces questions toujours dans l'optique du blog comme expérience dont je veux tirer des conclusions. Les blogs se mettent en chaîne, en rizome, en réseau, créent une/des communautés. Une nouvelle forme de tribus ? Si c'est le cas, quel dommage. Quel dommage, car la solitude, ou la singularité, l'individualité, je ne dis pas l'égoisme, devraient rester au coeur des blogs. Et que communautarisme dit nivellement, compromis... Rien de mal en soi, mais rien qui soit ce que j'ai cru comprendre comme étant au coeur des blogs. Quel dommage, car cette communauté, qui aurait du se monter par choix, s'impose par les faits, et que par ce biais, on se prive totalement de la possibilité d'une société (Jô Hisaishi / The encounter, BO de Mononoke Hime) d'esprits libres. Je ne dis pas libertins, libertaires ou libéraux, mais simplement libres.

Peut être que je fais erreur. N'hésitez pas à me faire part de votre point de vue sur le sujet ; en attendant je poursuis mon expérience.



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