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lundi, février 16, 2004

Grand Silence

Vient de re re re re re... voir Requiem for a Dream de Darren Aronofsky. Et comme à chaque fois, j'ai commis l'erreur de le voir seul. Enfin, erreur, je ne suis pas sûr. Je m'explique.

Après ce film, je suis incapable de communiquer. Là encore, ça fait une bonne heure que je l'ai vu, je peux commencer à sortir de mon mutisme. Et écrire n'est pas parler, c'est de loin plus facile. Toutes les personnes que je connais et qui ont vu ce film me disent avoir vécu la même chose la première fois : impossibilté de parler. C'est pas tellement qu'on est choqué. Mais il y a quelque chose. Et, plus important, impossible de supporter le discours des autres, quel qu'en soit le sujet.

Pour ceux qui ont vu le film plusieurs fois, il semblerait que l'effet s'estompe. Pas moi. A chaque fois je me fait avoir. Ce qui explique notamment pourquoi là, je n'écoute pas de musique, et que je préfère le grand silence, hélas brisé par le bruit du clavier. Si le téléphone devait sonner, je ne sais pas si je serais en mesure de répondre. Bon ne dramatisons pas, je suis pas non plus dans le coma.

Mon père, cinéphile, a vu ce film bien avant moi. Bien avant sa sortie en France d'ailleurs. Le seul commentaire qu'il a daigné lâcher sur ce film a été : "Je ne comprends pas qu'on fasse des films comme cela." Et il avait les épaules affaissées, les yeux tombant. En parlant de ce film il prenait 10 ans d'un coup (dont il se re-débarrassait aussitôt après). Effet de génération peut être, mais pour moi ce film a quelquechose... d'indispensable. Il fallait qu'il soit fait. Ce film est riche en monde. En être. A mon sens, tout le monde devrait voir ce film. Jusqu'au bout. Il devrait être inscrit au programme de l'Education Nationale, tiens, pour le secondaire (collège/lycée). Après tout, il n'est même pas estampillé du fameux "interdit au moins de 12/16/18 ans".

Une fois, pour le sens. Plusieurs fois, pour la construction du scénario, l'étude des cadrages, l'évolution des lumières, des types de plans. On sent qu'Aronofsky était photographe avant d'être réalisateur. Bien sûr, dans ce film il y a la dénonciation. Mais surtout, tout au fond, il y a l'humain. Je n'ai pas lu le bouquin dont est tiré le scénario. Je me demande si j'y trouverais autant. J'ai mis longtemps à passer de la musique (magistrale, de Clint Mansell, accompagné du Kronos Quartet) au film. Je suppose que je mettrais encore plus longtemps à passer du film au livre.

A chaque fois, la question est revenue sur le tapis : des 4 protagonistes, quel est celui qui subit le pire des sorts ? La réponse est quasi unanime : la mère, Sara Goldfarb. Peut être parce que l'on sait que le sien est définitif, qu'à son âge il ne pourra y avoir de rebond. Peut être parce qu'on a tous eu, sous les yeux, dans la rue, le même spectacle que celui qu'offre la mère au début de "Winter", le dernier tiers du film. Peut être parce que c'est celui que notre société avoue le moins.

Et puis il y a "l'environnement" du film. Jared Leto, qui joue le rôle du fils, Harry Goldfarb. Jeu juste, rôle en nuance, évolution bien menée, beau, brun, ténébreux, déchiré, fou, vivant, jeune. Et si on creuse un peu, on se retrouve avec Jared Leto, membre de Boys Band. Evidemment le choix de l'acteur n'est pas innocent. La vraie question ce n'est pas : "pourquoi avoir pris ce symbole vivant de la superficialité ?" mais bien : "Comment est il possible qu'il s'agisse de la même personne ?". Un peu comme quand on compare les rôles de Priscilla (dans Priscilla, folle du désert), de l'Agent Smith dans Matrix et d'Elrond dans Le Seigneur des Anneaux, et qu'on se rend compte qu'il s'agit du même acteur. How iz it possibeule ?

Dans l'environnement, il y a aussi "l'autre" film mythique de Darren Aronofsky. Pi. Pas encore vu. Mais entendre à droite à gauche qu'il s'agit d'une oeuvre Rose+Croix (ou Synarque, c'est selon), ça laisse déjà pas mal à penser. C'est vrai qu'après tout, Requiem for a Dream peut également être interprêté dans une optique de "propagande" Rose+Croix. Why not. Mais en même temps, c'est un peu n'importe quoi tout ça. Alors que ce que véhicule ce film, c'est loin d'être du n'importe quoi.

"Mais allez leur expliquer. Ils n'ont pas la foi". Derniers mots du Pendule de Foucault, d'Umberto Eco (si ma mémoire ne me fait pas défaut - A LIRE).



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