jeudi, février 12, 2004
L'album Buddy's Baddest de Buddy Guy, parce que rien ne vaut le bon gros blues électrique, parfois... et que j'ai envie d'un peu d'unité dans l'atmosphère, l'éclectisme c'est bien, en abuser, etc.
J'évolue dans un milieu où les imbéciles sont rares, et je m'en flatte. Ou du moins le croyais-je. La communication est quasi inexistante entre moi et mes compagnons d'infortune. De mon fait, d'ailleurs. J'arrive, j'écris, je lis, je me casse. Comme tous les autres. J'ai pour (sale) habitude de rejeter sur chaque individu la bêtise dégagée par la masse à laquelle il appartient. Du coup en présence d'un groupe, j'observe, je prends mes marques, j'écarte mentalement les imbéciles et attends de voir la réaction des plus intéressants. Qui, en général, font la même chose. En ce moment les personnes un tant soit peu réelles (j'entends par là : ayant une consistance intellectuelle dépassant les pâquerettes) se font rares, pour des raisons diverses, mais justes.
C'est dans ce contexte que, isolé, je prends plaisir à lire et à écrire. Et que je n'aime pas être dérangé. Et c'est dans ce contexte qu'un guignol entame la conversation (il devait ainsi avoir le sentiment de faire de l'humanitaire envers ce qui était vraisemblablement un dépressif ou un autiste). Misanthrope mais poli, je réponds, et la conversation s'oriente sur le professionnel. Il essaye de m'épater, j'esquive, il s'étonne, et je donne pour explication que "je ne compte pas me réaliser dans le travail"... laissant la phrase en suspend, puisque je pensais avoir à faire à quelqu'un ayant suffisament en commun avec moi pour se rendre compte qu'il serait temps de sortir des années 80.
Réponse du clown : "Quel idéalisme !"
Pour moi, l'idéalisme est une qualité (dans un certaine mesure), quelque chose de nécessaire à une vie honnête. Dans la bouche de la plupart de mes interlocuteurs, c'est également le cas. Pour ce petit mec, ce mot était chargé de tout le mépris dégoulinant que je m'efforce, sans vraiment y arriver parce que je suis fondamentalement bête et gentil, de prodiguer à ses semblables.
Chaque jour qui passe je suis un peu plus atterré d'entendre ce genre de chose. Outre la blessure de mon amour propre, que mon orgueil a bien vite refermé, ça me tue qu'on puisse encore croire à la réalisation de soi par le travail.
Non, c'est faux, ce qui me tue, c'est que DANS MON ENTOURAGE on arrive à y croire. Tellement dur qu'on arrive à s'écrier spontanément : "quel idéalisme !". Je ne sais pas ce qui m'a retenu de lui foutre mon poing dans la gueule. En y reflechissant, ça doit être par habitude. Je n'ai pas l'habitude de laisser traîner mon poing n'importe où.
Et puis c'est encore faux. Bien sûr, la réalisation par le travail est possible. Mais ça me semble tellement vain et illusoire... ou alors ce qui me tue c'est que, alors que moi je fais l'effort de comprendre comment la réalisation par le travail peut être encore cru possible, et même encore possible réellement, ce qui me tue disais je c'est "qu'en face" on ne fasse pas l'effort de penser à une réalisation hors du travail.
Oui ça doit être ça. Malgré mes répugnances à appréhender le concept, je fais l'effort de comprendre que certains puissent se réaliser dans leur travail (pauvre famille). Mais en face le même effort n'est pas fait. Ca me rappelle une discussion entre deux politiques opposés à la sortie d'un ballet contemporain. Le premier, à droite de la droite de l'extrême droite, s'adressant à l'autre : "Vraiment ! Je ne comprends pas comment vous faites pour aimer ça !" Le second, au milieu de la gauche du centre, un peu estomaqué, répond néanmoins : "C'est ce qui nous différencie. Vous ne comprenez pas que j'aime, alors que je comprends que vous n'aimiez pas..."
Et vlan pour Fernand.
Bon evidemment la question intelligente qu'il aurait pu me renvoyer (tout en restant méprisant, il faut rester dans une optique d'affrontement quand même) pouvait être : "Et dans quoi, alors ?" ou encore "Se réaliser ?" (avec cette seconde question il aurait marqué un véritable point, me mettant dans la position où moi je le tiens aujourd'hui). Mais pour cela, il lui aurait fallu un peu de lettres et d'esprit, etc. Sot.
La conclusion de tout ça c'est que cet imbécile m'a d'abord mis mal à l'aise, amenant la question "Serais je en train de me fourvoyer dans les choix faits pour mener ma vie ?", puis la réaction "tain mais t'en as rien à foutre de ce crétin" a été soigneusement envisagée, mais tout aussi soigneusement évitée comme toute réaction basique et bestiale qu'elle était. C'est donc l'ignorance et l'oubli (le tout teinté de cet éternel mépris dont j'arriverais peut être un jour à me débarrasser) qui l'ont emporté, associés à un bon bouquin.
Reste maintenant à me débarrasser de ce mépris, expression réactionnaire des doutes qui nous environnent. Ou pas.
J'évolue dans un milieu où les imbéciles sont rares, et je m'en flatte. Ou du moins le croyais-je. La communication est quasi inexistante entre moi et mes compagnons d'infortune. De mon fait, d'ailleurs. J'arrive, j'écris, je lis, je me casse. Comme tous les autres. J'ai pour (sale) habitude de rejeter sur chaque individu la bêtise dégagée par la masse à laquelle il appartient. Du coup en présence d'un groupe, j'observe, je prends mes marques, j'écarte mentalement les imbéciles et attends de voir la réaction des plus intéressants. Qui, en général, font la même chose. En ce moment les personnes un tant soit peu réelles (j'entends par là : ayant une consistance intellectuelle dépassant les pâquerettes) se font rares, pour des raisons diverses, mais justes.
C'est dans ce contexte que, isolé, je prends plaisir à lire et à écrire. Et que je n'aime pas être dérangé. Et c'est dans ce contexte qu'un guignol entame la conversation (il devait ainsi avoir le sentiment de faire de l'humanitaire envers ce qui était vraisemblablement un dépressif ou un autiste). Misanthrope mais poli, je réponds, et la conversation s'oriente sur le professionnel. Il essaye de m'épater, j'esquive, il s'étonne, et je donne pour explication que "je ne compte pas me réaliser dans le travail"... laissant la phrase en suspend, puisque je pensais avoir à faire à quelqu'un ayant suffisament en commun avec moi pour se rendre compte qu'il serait temps de sortir des années 80.
Réponse du clown : "Quel idéalisme !"
Pour moi, l'idéalisme est une qualité (dans un certaine mesure), quelque chose de nécessaire à une vie honnête. Dans la bouche de la plupart de mes interlocuteurs, c'est également le cas. Pour ce petit mec, ce mot était chargé de tout le mépris dégoulinant que je m'efforce, sans vraiment y arriver parce que je suis fondamentalement bête et gentil, de prodiguer à ses semblables.
Chaque jour qui passe je suis un peu plus atterré d'entendre ce genre de chose. Outre la blessure de mon amour propre, que mon orgueil a bien vite refermé, ça me tue qu'on puisse encore croire à la réalisation de soi par le travail.
Non, c'est faux, ce qui me tue, c'est que DANS MON ENTOURAGE on arrive à y croire. Tellement dur qu'on arrive à s'écrier spontanément : "quel idéalisme !". Je ne sais pas ce qui m'a retenu de lui foutre mon poing dans la gueule. En y reflechissant, ça doit être par habitude. Je n'ai pas l'habitude de laisser traîner mon poing n'importe où.
Et puis c'est encore faux. Bien sûr, la réalisation par le travail est possible. Mais ça me semble tellement vain et illusoire... ou alors ce qui me tue c'est que, alors que moi je fais l'effort de comprendre comment la réalisation par le travail peut être encore cru possible, et même encore possible réellement, ce qui me tue disais je c'est "qu'en face" on ne fasse pas l'effort de penser à une réalisation hors du travail.
Oui ça doit être ça. Malgré mes répugnances à appréhender le concept, je fais l'effort de comprendre que certains puissent se réaliser dans leur travail (pauvre famille). Mais en face le même effort n'est pas fait. Ca me rappelle une discussion entre deux politiques opposés à la sortie d'un ballet contemporain. Le premier, à droite de la droite de l'extrême droite, s'adressant à l'autre : "Vraiment ! Je ne comprends pas comment vous faites pour aimer ça !" Le second, au milieu de la gauche du centre, un peu estomaqué, répond néanmoins : "C'est ce qui nous différencie. Vous ne comprenez pas que j'aime, alors que je comprends que vous n'aimiez pas..."
Et vlan pour Fernand.
Bon evidemment la question intelligente qu'il aurait pu me renvoyer (tout en restant méprisant, il faut rester dans une optique d'affrontement quand même) pouvait être : "Et dans quoi, alors ?" ou encore "Se réaliser ?" (avec cette seconde question il aurait marqué un véritable point, me mettant dans la position où moi je le tiens aujourd'hui). Mais pour cela, il lui aurait fallu un peu de lettres et d'esprit, etc. Sot.
La conclusion de tout ça c'est que cet imbécile m'a d'abord mis mal à l'aise, amenant la question "Serais je en train de me fourvoyer dans les choix faits pour mener ma vie ?", puis la réaction "tain mais t'en as rien à foutre de ce crétin" a été soigneusement envisagée, mais tout aussi soigneusement évitée comme toute réaction basique et bestiale qu'elle était. C'est donc l'ignorance et l'oubli (le tout teinté de cet éternel mépris dont j'arriverais peut être un jour à me débarrasser) qui l'ont emporté, associés à un bon bouquin.
Reste maintenant à me débarrasser de ce mépris, expression réactionnaire des doutes qui nous environnent. Ou pas.
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