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jeudi, juillet 08, 2004

(FF8 / The Landing)

Je me sens mal, inexplicablement. En fait, si ça s'explique très bien. Alors pour la suite un petit avertissement :

Si vous avez suivi avec passion Les formidables aventures de Lapinot de Lewis Trondheim, et que vous n'avez pas encore lu le dernier tome (La vie comme elle vient), ne lisez pas la suite de ce post.

Si vous l'avez lu, ou si vous ne connaissez pas Lapinot libre à vous de continuer cette lecture.

C'est bon ? Ceux qui devaient partir l'ont fait ? Je peux parler ?

Lapinot est mort. Décédé. Zigouillé. Fini. Out. Ecrasé par un taxi. Ca me déprime complètement et plus grave, ça me laisse dans l'incompréhension.

Premier point : pourquoi ça me déprime ? Nous parlons là d'un héros fictif, je ne devrais pas être autant touché. Les héros meurent par paquet dans Le Trône de Fer par exemple, ou dans bien d 'autres romans, et je n'ai jamais été autant déboussolé. C'est comme si un ami m'était vraiment enlevé (Radiohead / True Love Waits).

Deuxième question : pourquoi Lewis a-t-il décidé de flinguer ainsi son personnage ? A-t-il décidé de mettre fin à la série ? OK, mais il y a des moyens moins brutaux de s'y prendre. L'album n'est qu'une longue succession de malheurs (Richard dans le coma, Titi avec une tumeur, j'en passe et des moins roses), sans une seule once d'humour qui est la marque de fabrique de Trondheim, cet humour si fin, décalé et en même temps toujours adapté, mordant, toujours à rappeler quelques bonnes vérités essentielles sans jamais tomber dans le dogmatisme.

Tentative de réponse numéro 1 : Trondheim fait une expérience en tant qu'auteur. C'est tout à fait plausible. Il a fait partie de de l'OuBaPo (c'est peut être toujours le cas d'ailleurs) (Morcheeba / The Sea), et Lapinot est le lieu où il a essayé plein de choses, plein de styles différents, la tranche de vie, le western, le roman feuilleton, le fantastique, le thriller, l'hommage, etc. alors pourquoi pas une expérience : la BD où il tue son héros.

Tentative de réponse numéro 2 : un numéro sur deux des aventures de Lapinot se situe dans un contexte différent, dans un univers à part. Peut-être Trondheim prépare-t-il un album se situant dans l'au-delà ? Ou dans lequel Lapinot reviendrait de l'au-delà ? Allez savoir, avec cet énergumène....

Question numéro 3 : où est Pierrot ? La bande originale est composée de Lapinot (le gars tranquille), Richard (le débile grande gueule), Titi (Le publicitaire play boy) et de Pierrot (le philosophe moralisateur). Auxquels s'ajoutent Félix et Patrick (les éternels adolescents, testeurs de jeux vidéos), Nadia, le frère de cette dernière, etc., bref des seconds rôles. Dans ce tome ci, pas une seule apparition de Pierrot. Et au contraire multiplication des personnages secondaires, inconnus jusqu'alors. Cette constation irait dans le sens : nous sommes tous autant des héros, dans la vie pas de second rôle et pas de héros immortel... (Miossec / Merci pour la joie)

Bref trop de questions, pas assez de réponse... et le site de Lewis T. est en travaux... la bonne blague, pas moyen de lui demander des explications.

Dans tous les cas, Lewis, t'avais pas le droit de flinguer Lapinot comme ça. Toi, tu crois que t'as le droit, parce que c'est toi qui l'a créé, c'est toi qui l'a fait vivre, alors tu te dis que c'est toi qui a le droit de le tuer. OK, c'est original, Tintin ne meure pas, Spirou non plus, pas plus que Blueberry, Thorgal, XIII, Asterix ou les autres. Mais il y a une bonne raison à ça : ils ne peuvent pas mourir.

Une fois livrés au public, ces personnages n'appartiennent plus à leur créateur. En le tuant, c'est à nous que tu fais du mal. L'identification aux personnages est trop aisée, on souffre trop avec eux, avec la rage de Félix, le désespoir de Richard... ça fait trop mal. J'espère sincèrement avoir une explication avec toi Lewis, parce que là, j'ai mal. On peut dire que tu as réussi ton coup. On peut dire que tu es un véritable artiste. Bien joué. Enfoiré.

(Queen / Who wants to live forever)



Comments:
à l'adresse

http://lutecium.org/stp/cochonfucius/hommage-a-margerin.html

on trouve une sorte d'épilogue...
 
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