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vendredi, avril 20, 2007

One million dies to make this sound

Deux heures.

C'est le temps qu'il faut au Silver Mont Zion Memorial Orchestra and the Tra-la-la band with choir (tu parles d'un nom) pour jouer 6 ou 7 morceaux, rappels compris. Une batterie, deux guitares, un quator à cordes.

Deux heures qui valaient bien de rentrer à pied après le dernier métro de Gorge de Loup jusqu'à Guillotière, en compagnie de deux inconnus transportés comme moi par ce concert.

Deux heures d'émotion et de rire... un très bon contact avec le public de la part de Silver Mt Zion, pas de prise de tête, de la convivialité, tout en sachant conserver la distance qui permet d'apprécier sans le désacraliser le spectacle qui se joue devant nos yeux. Un côté nettement plus rock que
GYBE!, sans doute dû à l'instrumentalisation nécessaire à un concert live, plutôt qu'à une écoute chez soi, sur la platine. Un côté rock qui allait même parfois jusqu'à rappeler fortement Led Zep au niveau chant et guitares, ce qui pourrait les faire qualifier de post-hard rock plutôt que de post-rock.

J'y suis allé seul, mais je noue très rapidement contact avec mon voisin, au look très marqué hip hop, qui se révèlera être un contrebassiste classique du conservatoire... on discute un peu musique, je lui file des tuyaux sur Sigur Ros quand ses références sont plutôt du côté de Steve Reich, Philip Glass, Terry Riley et, bien sûr, comme tout le monde dans la salle, Godspeed.

Un jeu de scène en accord avec la musique : minimaliste. On notera particlièrement celui de la violoniste, qui consiste à se tenir dos au public avec un débardeur et des hirondelles tatouées sur les omoplates. Hirondelles qui iront rejoindre tous les oiseaux que l'on retrouve constamment chez SMZ, sur les affiches, les pochettes de disque... J'ai découvert sur scène, parallélement au côté musical sombre et aux influences rock, une certaine touche hippie à laquelle je ne me serais pas du tout attendu. Le chanteur, donnant de la voix dans ses registres si particulier, n'hésitant pas, au sommet de ses chansons, à s'éloigner d'un ou deux mètres de son micro, créant un effet de distance amplifiée collant parfaitement... et derrière, la seconde guitare + les membres du quatuor faisant les choeurs, chacun sur un ton différent, rejoignant dans leurs voix les assonances des instruments.

Et puis, inutile de parler de la musique... un transport inégalé... Bien sûr, on entend Godspeed et les pontes de la musique minimaliste précités, bien sûr on entend led zep, mais on entend aussi en nettement plus grand public, Archive, Arcade Fire, le Kronos Quartet, Clint Mansell ou Mogwai. Et rapidement on ne les entend plus pour ne plus qu'entendre SMZ.

Climax du concert : sa fin.
"this song titles : One million dies to make this sound. It's about the one who loves music in a world where nobody loves music anymore..." Des moments de plaisir... Comme une litanie, comme une prière adressée aux muses, pour les remercier du don de la musique, des oeuvres humaines au cours du temps, méprisées, détruites, par un monde dénué de toute volonté de transcendance, de toute spiritualité. De la Beauté, DE LA BEAUTE, BORDEL ! Les larmes nous montent aux yeux...

Adieu du groupe. Rappel. "Blind blind blind, this is a song about getting drunk with some friends"... et on se rappelle le titre d'un de leurs album : this is our punk rock. Eh oui, pourquoi pas, il y a une once de punk dans SMZ. Bien sûr on n'aura qu'un seul morceau en rappel, mais quand les morceau durent un quart d'heure, comment se plaindre ? Adieu du groupe. "Our last show was terrible, people in the room were looking at us like monkeys in a cage, without understanding what we were doing. It was terrible. This night is so much better, you're wonderful, thank you..."

Rappel forcené de la salle. Qui dure. Qui ne vient pas. Qui monte enfin. Le groupe s'excuse, ils n'ont pas prévu de deuxième rappel. Ils cherchent à jouer un de leurs vieux morceaux, tentent de se mettre en place, de se rappeller les uns aux autres les structures complexes du morceau, ratent un premier départ... "We are professionnal music players, and we will give you the professionnal show you deserves..." Ce sera la chanson God bless our dead Marines, rapidement reconnue par une partie du public qui explose de joie. Adieu définitif du groupe, il est 00h25, les lumières se rallument, je me presse vers le métro, trop tard... je chope donc deux personnes repérées au concert et dans la même situation que moi, nous rentrons à pied, silencieux un temps, encore dans la musique. Je suis content qu'aucun d'entre eux ne brise le silence avec un "c'était trop bien, hein ?" qui m'aurait forcé à lui mettre une beigne.

Une surprise : le public. Des cinquantenaires, là ça ne me surprend qu'à moitié, à une population très jeune, 14 ans peut être... tous styles représentés, gothiques et faux gothiques, métalleux, trash, hard core, hip hop, décontracté, quelques costards, quelques néo-hippies, quelques amateurs de chanson française propres sur eux... un seul absent : l'indie boy propret à mèche et au pantalon cigarette... Il était sans doute au concert de plasticine. Si de voir tellement de djeunes présent peut redonner foi en la jeunesse, il reste nécessaire de se rappeler que ce n'est que d'une certaine jeunesse qu'il s'agit, et que la majorité continue de croire que les Libertines sont une révolution...
Une autre surprise : il régnait effectivement dans la salle une certaine tension sexuelle ; c'est toujours le cas lors des concerts, on ne peut le nier, mais là, il y avait quelque chose de plus, de très sensuel, de très doux, de très aimant, qui prenait racine dans la communion de tous avec chacun à travers le média proposé sur scène. La cristallisation de l'énergie dévastatrice de la pureté maintenue, domptée et sculptée par la maitrise des instruments et le rapport d'amour et de respect révérencieux et réciproque du public et du groupe.


Allez, un point noir, car il en faut toujours un : le bar au fond de la salle, avec quelques personnes qui discutaient très fort, même quand les morceaux atteignaient leur paroxysme en terme d'intensité, quand on ferme les yeux, que l'on décolle de sa place pour voler au dessus des têtes et se lover au coeur du violoncelle, sous les micros des guitares, derrière l'épaule du batteur possédé par le démon...

Et un regret : que mon frère et que quelques amis et connaissances choisies n'aient pas pu partager ce moment avec moi...

EDIT : vous trouverez au lien ci-dessous le concert à télécharger en MP3. Merci à Ubik.
http://ubiklain.free.fr/live/asmz2/ASMZ%20Grnd%20Zero%202007-04-19.html



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